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01 Apr

Le volcan Kuwae..un peu d'histoire..suite..

Publié par Denis Burger

Le volcan Kuwae..un peu d'histoire..suite..

Kuwae ou la naissance du monde..suite..

Tels sont les faits. Ou plus exactement : telle est leur reconstitution plausible, par la science contemporaine, un demi-millénaire après le cataclysme. D’un pôle à l’autre du globe, depuis l’Antarctique jusqu’au Groenland, les glaciologues effectuent depuis quelques années des carottages et y trouvent fossilisés, toujours au même niveau chronologique, des dépôts d’acide sulfurique produits lors du dégazage de l’explosion. Ils correspondent à l’épisode éruptif de Kuwae, que les vulcanologues datent pareillement des années 1440, à plus ou moins trente ans, et intègrent dans cette histoire de l’écorce de la Terre, indifférente aux hommes qui la peuplent : au milieu du xve siècle grondent pareillement les volcans du mont Kelut à Java, Aniakchak en Alaska, El Misti au Pérou.

Heureusement que les spécialistes des paléoclimats peuvent compter sur cette science exacte qu’est l’histoire pour resserrer leur fourchette chronologique ! Car partout où elles existent de manière abondante, les sources concordent pour dater des années 1452-1453 un dérèglement du climat dû à l’abaissement de la température. Depuis la Corée jusqu’en Écosse, les chroniques enregistrent le désarroi devant ces étrangetés atmosphériques ; au Caire on s’inquiète du niveau du Nil et la famine rôde à Moscou ; quant aux sources chinoises, ce sont les plus précises et les plus loquaces sur les conséquences des printemps pourris et des étés pluvieux.

L’histoire que l’on vient de raconter est un rêve de world history. Non seulement parce qu’elle a pour théâtre l’humanité tout entière, mais parce qu’elle naît, comme récit, de la mise en réseau de disciplines différentes et d’informations éloignées que seule la globalisation des moyens d’investigation permet aujourd’hui de réaliser. De ce point de vue, l’histoire mondiale est aussi le produit de la mondialisation de la recherche historique. Mais comment nommer ce qu’elle met au jour, dès lors que ces événements rétrospectifs, qui naissent du rapprochement de faits éparpillés dans le monde et qui s’ignoraient mutuellement, n’ont été perçus par personne en tant que tels au moment où ils eurent lieu ?

Si l’on considère le XVe siècle comme le premier âge de la mondialisation, le paradoxe est encore plus étourdissant : ce siècle fut bien celui du décloisonnement du monde, mais l’unique événement qui y eut un retentissement authentiquement planétaire s’est déroulé dans la seule de ses parties qui demeurait totalement isolée le Pacifique Sud ne fut exploré par les Européens qu’au XVIIe siècle. En 1452 nos sources historiques signalent donc une poussière d’événements locaux et incompréhensibles.

Nous savons seulement aujourd’hui qu’ils s’expliquaient par l’onde de choc d’un événement qui n’en était pas vraiment un, puisqu’il ébranlait une société sans écriture. Mais une société sans écriture n’est pas une société sans mémoire : à Vanuatu, les anthropologues ont traqué le souvenir de cette Atlantide des antipodes dans la transmission orale des grands récits de l’origine du monde - comme si l’on pouvait «carotter » le mythe à la manière des glaciologues pour y traquer des paroles gelées par l’oubli. Que raconte-t-on dans cet archipel que le grand géographe Joël Bonnemaison a parcouru en tous sens depuis les années 1970 jusqu’à sa mort en 1997 ?

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