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23 Mar

Pompéi..suite et fin.

Publié par Denis Burger

Pompéi..suite et fin.

LES VICTIMES

Victimes:

Photo ci-contre d'un moulage de plâtre représentant un corps pétrifié dans sa position originelle.

Dès le début des fouilles au xviiie siècle, la découverte de squelettes de victimes provoque une curiosité et une fascination qui ne se démentiront pas. Cet intérêt n'ira pourtant que rarement de pair avec une démarche scientifique pouvant nous en apprendre plus sur le déroulement de l'éruption. Ce n'est qu'en 1863 que le responsable des fouilles,Giuseppe Fiorelli, a l'idée de couler du plâtre dans le creux laissé dans la gangue de lapilli et de cendres par la décomposition des corps, de sorte qu'une fois dégagé des matériaux volcaniques, le moulage permet d'appréhender la position dans laquelle la mort a saisi la victime, par exemple les derniers efforts qu'elle a faits pour éviter l'asphyxie en se couvrant le visage d'un tissu. En 1985, Amedeo Cichitti tente d'améliorer la méthode en réalisant des moulages transparents en résine, qui permettraient ainsi de voir, au-delà de la forme externe, les squelettes ou encore d'autres objets que la victime portait sur elle. Les résultats n'ont pas été à la hauteur des espérances et l'expérience n'a pas été renouvelée.

Une étude récente a apporté des informations intéressantes, à la fois sur le nombre de victimes à Pompéi, les circonstances de leur mort et le déroulement de l'éruption. En reprenant les rapports de fouilles depuis le xviiie siècle, on classa les victimes en deux catégories, selon leur position stratigraphique dans les dépôts éruptifs : soit dans la couche de pierres ponces de la première phase de l'éruption, soit dans la couche de cendres provenant des nuées ardentes qui suivirent. Dans le premier groupe, on dénombre 394 corps, dont la majorité (345) à l'intérieur d'immeubles, où elles s'étaient réfugiées. Bon nombre d'entre elles furent victimes de l'écroulement des toits sous le poids des pierres ponces. Dans le deuxième groupe figurent 655 personnes. Le nombre de corps trouvés à l'extérieur est considérablement plus élevé (319). Il s'agit d'individus qui, profitant de l'accalmie de l'éruption au matin du deuxième jour, crurent pouvoir s'enfuir et furent surpris par les nuées ardentes qui suivirent. À ces 1 049 personnes (dont les trois dernières furent découvertes en 2002) il convient d'ajouter une centaine de corps à propos desquels nous ne possédons pas d'informations précises.

Bon nombre de corps ainsi que le contexte archéologique de leur découverte ont donné lieu à des spéculations quant aux circonstances de leur mort. Certaines découvertes, par leur très forte charge émotionnelle, ont donné naissance à des légendes et ont inspiré des artistes. C'est le cas d'un corps découvert — sans doute en 1763 — dans un édicule près de la porte d'Herculanum. Une légende voudrait qu'il s'agisse d'une sentinelle fidèle à son poste et qui aurait succombé là. Elle inspira au peintre britannique Sir Edward Poynter une toile célèbre en son temps : Faithful unto Death (1865). L'écrivain américain Mark Twain en tira un récit poignant, mais bien loin de la vérité : l'édicule où fut découvert le corps n'est pas un poste de garde, mais le tombeau de Marcus Cerrinius Restitutus, où un fuyard, incapable d'aller plus loin, se réfugia et succomba sous les effets de la nuée ardente. Une autre découverte, faite au xviiie siècle, inspira de vifs sentiments d'émotion aux contemporains. En 1772, on découvrit dans la villa de Diomède les corps de vingt victimes, dont les cendres avaient conservé l'empreinte. Parmi les victimes figurait une jeune femme. La méthode des moulages de Fiorelli n'avait pas encore été inventée, mais on parvint cependant à préserver l'empreinte de son sein et de ses bras, qui fut conservée au Musée archéologique de Naples. Théophile Gautier, sous le coup de l'émotion, après avoir vu cette empreinte lors d'un voyage en Italie en 1850, fit de la jeune fille l'héroïne d'une nouvelle, Arria Marcella. Un squelette de femme, portant de riches bijoux et retrouvé dans une salle de la caserne des gladiateurs, est à l'origine d'une des histoires les plus souvent colportées : il s'agirait d'« une noble dame venue témoigner son admiration à quelque héros de l'arène ». Elle aurait donc été surprise par l'éruption, alors qu'elle venait rendre visite à son amant, un gladiateur. Si l'on ne peut exclure complètement ce scénario, il est peu vraisemblable : dans la même salle furent retrouvés dix-huit autres corps, et celui de la riche Pompéienne se trouvait un peu à l'écart, près de l'entrée. On peut penser qu'elle se réfugia là par hasard. Furent également retrouvées des dépouilles d'animaux, dont des chevaux et des chiens. Le moulage d'un chien, réalisé en 1874, est devenu célèbre. L'animal fut retrouvé dans la maison de Vesonius Primus. Enchaîné à un piquet, le chien escalada la couche de pierres ponces au fur et à mesure que celles-ci envahissaient le bâtiment, pour finir par succomber à la nuée ardente qui suivit.

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